Le débat du Grand Paris a commencé. Le général de Gaulle ne se privait pas de lancer des grands projets et nul doute que Nicolas Sarkozy cherche à marcher dans ses pas avec le projet de réaménagement de la région francilienne.
L’intervention de l’Etat est bien sûr nécessaire et légitime, mais à la condition d’être pertinente. Or, le décalage entre le discours sur la construction de l’avenir à 20 ans et la réalité des mesures inscrites dans le projet de Christian Blanc est saisissant ! Des mesures, à la réflexion, qui ne règlent pas les problèmes du présent et ne préparent même pas valablement l’avenir…
Les exemples ne manquent pas.
Ainsi, la ligne D du RER qui accueille chaque jour deux fois plus de passagers que l’ensemble du réseau TGV français est dans un état déplorable et ni Réseau Ferré de France, établissement public désormais en charge des infrastructures, ni la Région Ile-de-France, n’ont été capables d’investir le minimum vital pour éviter que les rails cassent ou permettre que les aiguillages, dont certains datent de 1927, fonctionnent correctement.
Le plan arrêté par la Région Ile-de-France prévoit 120 millions d’euros alors qu’il en faudrait au minimum 1 milliard pour remettre en état cette ligne empruntée chaque jour par environ 600 000 Franciliens.
Je pourrais bien sûr citer quantité d’autres exemples : l’absence d’investissements routiers minimum alors que 70% des déplacements en Ile-de-France se font par la route ; des millions de Franciliens qui habitent en grande couronne ne disposant pas de bus le soir et le week-end. Avec 100 millions par an, on pourrait pourtant doubler les lignes de la grande couronne etc. etc.
Mais qui cela intéresse-t-il ?
Christian Blanc et le Président de la République préfèrent les « grands » équipements. Mais faut-il encore que ces équipements, grands ou petits, répondent aux besoins…
Même la gauche a cédé à cette folie des grandeurs ! Ainsi, le tramway parisien a coûté une fortune et ne fait que remplacer des lignes de bus, alors qu’avec la même somme, on aurait pu soulager la vie quotidienne de millions de banlieusards.
Et surtout, comble d’indécence, la super boucle de Christian Blanc fait la une de tous les journaux mais coûte 21 milliards d’euros, alors même que la France est en faillite !
L’enjeu est donc simple : proposer aux Franciliens un projet moins coûteux, plus concret, plus immédiat.
Moins coûteux, car avec 10% simplement du coût du Grand Paris, on pourrait déjà réparer les RER.
Plus concret, car avec la vingtaine de projets de déblocage des points noirs autoroutiers, l’on pourrait fluidifier la circulation automobile et réduire la pollution.
Plus immédiat, car c’est vrai, si l’Etat et la Région avaient la volonté de changer les choses, ils débloqueraient les crédits dont la mobilisation n’a cessé d’être repoussée, et conduiraient en quelques années les réalisations tant attendues.
Mais au-delà du plan transports surréaliste du Ministre Blanc, il faut bien sûr mener conjointement une vraie politique d’aménagement du territoire, aussi bien au niveau national que régional.
Aménagement du territoire national pour éviter l’engorgement de l’Ile-de-France. Le schéma directeur de la Région prévoit toujours plus d’habitations. Comme le Président de la République, qui confond vocation mondiale et gigantisme, alors même que ce sont les métropoles durables et équilibrées qui réussiront demain.
Mais encore aussi ne faut-il pas détruire les services publics en province, laisser se multiplier les délocalisations et les déserts industriels, laisser asphyxier les villes moyennes et dépérir notre agriculture, etc.
A partir de là, une autre politique d’aménagement du territoire serait possible à l’intérieur de l’Ile-de-France car, soyons francs, aucun système de transport, aussi performant et aussi coûteux soit-il, ne pourra jamais absorber le trafic induit par la concentration des emplois sur un seul site comme la Défense. La construction de 450 000 m² supplémentaires de bureaux à la Défense est à cet égard une pure folie.
L’objectif est bien évidemment de rétablir l’agrément pour la construction des bureaux qui avait été mis en place par le général de Gaulle pour forcer les implantations économiques à se répartir harmonieusement sur le territoire de la région, autour de pôles mêlant habitat, emplois, équipements publics.
Hélas, on le voit bien, les « grands projets » ne font pas toujours une grande politique. Ils peuvent tout autant mener à de grands fiascos. C’est bien pourquoi je voterai contre ce « Grand Paris » si mal nommé, tout en proposant une alternative plus raisonnable, lorsque je prendrai ces prochaines heures la parole dans le cadre du débat parlementaire.
NDA